Les autorités sanitaires britanniques ont signalé début décembre dernier un nouveau variant du coronavirus appelée B117. Cette mutation, bien qu’elle ne soit pas plus mortelle que d’autres, montre une capacité de transmission beaucoup plus élevée, au point qu’elle représente plus de 50 % des nouvelles infections en Grande-Bretagne. Les mesures de prévention deviennent de plus en plus nécessaires.
Par le Dr Pedro L. González, spécialiste en médecine préventive et en santé publique et journaliste scientifique
Le variant B117 est né au Royaume-Uni entre la fin de l’été et le début de l’automne 2020. Les experts ont déterminé que la transmission de cette variante est entre 50 % et 74 % plus élevée que ceux prédominants jusqu’à présent. C’est ce qui ressort d’une étude préliminaire menée par le Centre de modélisation mathématique et des maladies infectieuses (CMMID), qui met en évidence une protéine qui, lorsqu’elle subit une mutation, facilite l’entrée dans la cellule humaine.
D’autres équipes travaillent sur l’hypothèse selon laquelle le nombre élevé d’infections est dû à la charge virale. Plusieurs études montrent que 35 % des échantillons de patients infectés par la souche B117 présentaient des taux élevés de virus, contre seulement 10 % des patients atteints par les autres variants.
C’est pourquoi certains pays exhortent leurs citoyens à renforcer les mesures de prévention et à abandonner les masques en tissu, tout comme les masques chirurgicaux, et à les remplacer par des masques FFP2 ou N95, qui ont une plus grande capacité à filtrer le virus.
Selon une autre étude de l’Imperial College de Londres, également non revue, le variant britannique touche plus fréquemment les enfants de moins de 20 ans, bien que l’on ne sache pas si cela est dû au fait que les écoles britanniques ont été ouvertes ces derniers mois, par opposition aux activités plus restreintes des adultes.
La question de savoir si le nouveau variant entraîne une mortalité plus élevée est controversée et, bien que cela reste à confirmer, les premières données suggèrent qu’elle produit une mortalité 30 % supérieure. Autrement dit, si jusqu’à présent 10 personnes infectées sur mille, âgées de plus de 60 ans mouraient, avec le nouveau variant, il y aurait entre 13 et 14 décès.
Plusieurs pays européens ont déjà détecté des cas de ce nouveau variant. Jusqu’à présent, il n’a été détecté que dans moins de 5 % des infections, mais les experts estiment que d’ici la mi-mars, ce pourrait être la souche dominante.
Dans le même temps, d’autres variants ont été détectés en Afrique du Sud (la 1.351) et au Brésil (la P.1) qui sont indépendants du variant trouvé au Royaume-Uni, mais qui partagent certaines de ses mutations.
La mutation du SARS-CoV-2 n’affecte pas les vaccins
Une étude préliminaire publiée début janvier dans bioRxiv a indiqué que le sérum de 20 personnes vaccinées était capable de neutraliser le coronavirus avec une des mutations du variant détecté au Royaume-Uni. Ainsi, les laboratoires fabriquant les vaccins Pfizer et Moderna ont déclaré que le vaccin est toujours efficace contre le variant du virus B117.
Toutefois, certains experts soulignent que si le variant britannique prend le dessus, nous devrons vacciner près de 90 à 95 % de la population, alors qu’avec le variant actuel, nous pouvons nous contenter de vacciner 70 à 80 % de la population.
Le vaccin devient inefficace lorsque le virus change, il échappe donc à l’effet du vaccin et continue à infecter les gens. Et plus le virus change, plus il se transmet et se propage dans la population. C’est peut-être l’élément le plus inquiétant de ce qui se passe avec le virus.
Si le virus venait à muter de façon importante, cela nous mettrait dans une position similaire à celle de la grippe, où les vaccins doivent être mis à jour périodiquement. Heureusement, les vaccins dont nous disposons sont très faciles à modifier.
Pour éviter cette transmission et ces mutations très élevées, il faut porter des masques, se laver les mains régulièrement et maintenir une distance sociale. Ce sont les mesures préventives que nous devrions adopter au quotidien en période de COVID19.
Sources :
- Estimation de la transmissibilité et de la gravité de la nouvelle variante préoccupante 202012/01 du SARS-CoV-2 en Angleterre. CMMID Working Group Status: Paper under peer review | First online: 23-12-2020 | Last update: 31-12-2020
- Report 42 – Transmission de la lignée B.1.1.7 du SARS-CoV-2 en Angleterre : enseignements tirés du couplage des données épidémiologiques et génétiques MRC Centre for Global Infectious Disease Analysis. Imperial College
- Établissement et dynamique de la lignée de l’épidémie de SARS-CoV-2 au Royaume-Uni BY LOUIS DU PLESSIS, et al. PUBLISHED ONLINE08 JAN 2021 DOI: 10.1126/science.abf2946
- Document du gouvernement britannique. NERVTAG note on B.1.1.7 severity To be completed by SAGE Secretariat Authors: Peter Horby, Catherine Huntley, Nick Davies, John Edmunds, Neil Ferguson, Graham Medley, Andrew Hayward, Muge Cevik, Calum Semple
- Neutralisation du mutant N501Y du SARS-CoV-2 par des sérums issus du vaccin BNT162b2 Xuping Xie, et al bioRxiv 2021.01.07.425740; doi: https://doi.org/10.1101/2021.01.07.425740 This article is a preprint and has not been certified by peer review